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"Révélée" un livre (roman) sur l'excision écrit par Christiane SCHMITS

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Message  Admin Mar 15 Mai - 14:32

Voici quelques extraits du livre de notre amie Christiane Schmits (300 pages) :


M’Baye va encore raconter la nuit du serpent ! Je cours vite, mes petits pieds nus sentent à peine le sable brûlant. Haletante je rejoins les voisins du village qui posent des questions à répétition et insistent pour connaître toute l’histoire par le menu. Les travailleurs agricoles sourient déjà même si ils ont déjà entendu cinq fois au moins le récit.
M’Baye est fils de griot et un excellent narrateur, il aime créer le suspense, voir les yeux s’écarquiller, entendre les gémissements de surprise.
- Je dormais comme chaque nuit, la conscience tranquille, le sommeil lourd mais les oreilles ouvertes.
Chacun opine du chef. M’Baye a de lourdes responsabilités la journée, mais, en tant que contremaître, on attend de lui qu’il continue de surveiller les animaux comme l’étendue des biens de la concession durant la nuit.
- Je me réveille : il y a un bruit qui est inhabituel ; il vient des poulets. Je les entends caqueter d’une drôle de manière. Je me lève, je prends ma torche et mon jaasi*. Si les poulets ne dorment pas et crient au milieu de la nuit, c’est qu’une bête sauvage les approche. Je sors et me déplace jusqu’au poulailler. Avec la torche, j’éclaire brièvement le grillage, il est intact. J’en conclus que c’est un serpent. Je déverrouille le cadenas, je pousse la porte en avant et j’entre en éclairant avec la torche. Le comportement des poulets est étrange, ils sont tous à un mètre sur ma droite, serrés les uns sur les autres. D’ordinaire, ils viennent se frotter à mes chevilles, c’est moi qui leur apporte la farine et le grain ; ils me considèrent comme un ami. Mais là, ils ne remuent pas.
Nous sommes tous immobiles, figés, en attente de la suite.
- Avec ma torche j’éclaire droit devant moi, l’espace est vide et sombre : pas de poulets. J’en conclus que l’animal est là. J’ai le temps de deviner le corps d’un boa. Trop tard ! Il a un réflexe rapide, il heurte ma main et mon poignet et fait tomber la torche !
*
- Cela fait quelques jours que je passe mes temps de midi sur internet, au boulot. J’ai fait une recherche sur l’excision et j’ai découvert qu’on opère, Coumba. Il existe une chirurgie réparatrice !
Sa voix est haut perchée, il est volubile, exalté par sa nouvelle. Et moi, je vis un grand froid intérieur, je suis réticente, méfiante.
- Je n’ai jamais entendu parler de cela.
- Moi non plus. Et je suis tout remué.
Je ne peux pas y croire. Je ne peux pas imaginer que quelque chose puisse changer dans mon corps. Je ne m’autorise pas à espérer, à rêver. Luc continue.
- Il parait que subsiste dans l’abdomen un morceau de clitoris long de huit à dix centimètres. Le chirurgien va en remettre un bout à l’extérieur, tout simplement.
- Et il sera sensible ?
- Oui, mais il faudra un peu de temps.
Je suis bouleversée. Luc me parle d’une réparation du passé. Est-ce possible ? Guérir de cette vieille douleur en moi ? Espérer vivre les sensations que j’envie tant aux autres femmes ? Il attend mes réactions. Il me connaît bien, il devine à quoi je pense dans l’instant.
- Quand il y a des vilaines cicatrices, le chirurgien les découpe pour les enlever et il refait une belle vulve souple.
- C’est possible ?
- Oui.
- L’opération est douloureuse ?
- Les renseignements que j’ai lus à propos de la douleur décrivent qu’elle est similaire à celle de l’épisiotomie. Tu sais, cette coupure que l’on réalise pour faciliter le passage de l’enfant. Et qu’on recoud après l’accouchement.
Je fais oui de la tête.
- Je risque un jour de vivre l’orgasme alors ?
Je l’ai dit tout bas. Luc prend mes deux mains d’un air grave et les serre en me répondant.
- Oui, c’est une possibilité. Pas un risque.
*

- Coumba, accepte le fait que tu es spéciale. Accepte que tu auras quelque chose à réaliser un jour. Et essaye de vivre les choses autrement, avec patience.
Oui. Je soupire.
- Vous m’aiderez ? Maintenant je vous ai tout confié et je me sens mieux.
- Je vais tenter de te guider. Tu as une vingtaine d’années, sache que ce n’est pas aujourd’hui que les choses vont changer. Vis ta vie de mère et d’épouse, écoute les femmes plus âgées te parler des remèdes qu’elles connaissent. Les vieilles mères savent quelles feuilles mettre dans les tisanes ou écraser, pour soulager et cicatriser. C’est tout simplement pour mobiliser ton attention que tes rêves te parlent. Ecoute-les encore, ils seront probablement plus précis au cours des prochaines années.
C’est à partir de ce jour-là que je sens se manifester une grande force intérieure sur laquelle je m’appuie. J’ai une tout autre opinion de moi-même et de mes capacités. Les esprits sont mes alliés, j’en suis désormais persuadée.
*
Je ne crains plus l’opération elle-même. Je la trouve maintenant fondamentale; et je suis certaine qu’elle va changer ma vie. Comment et à quel point ? Je l’ignore. Dans le calme de la nuit, je pense beaucoup à tout cela, tandis que Luc s’enfonce dans le sommeil. Je m’observe, je suis attentive à mes états d’âme, j’ai la curieuse impression d’être plus intime avec moi-même. Mais je n’arrive pas à me débarrasser d’une peur diffuse qui me crispe. Je voudrais me réjouir vraiment et pourtant je me retiens. Comme si ça pouvait porter malheur.
Je veux me débarrasser de cette croyance que toute bonne chose se paie d’une façon ou d’une autre. Le jour où j’y arriverai, cela signifiera que j’aurai récupéré une partie importante de moi qui me fut ôtée en même temps que mon clitoris. Oui, ce jour-là je pourrai enfin déposer les armes et cesser de combattre l’ombre que l’excision a jetée sur ma vie.
*

- Je voulais récupérer ce qui m’a été volé, retrouver un sentiment d’intégrité. Sans cela je ne pouvais imaginer continuer ma vie comme mes amies au village et me marier.
- Oh oui ! Etre entière, dis-je.
- Au travail, j’ai une amie qui a été opérée. Elle m’a beaucoup encouragée. Elle me raconte qu’en marchant fièrement dans la rue, elle toise les hommes et pense : « Je vous emmerde, on me l’a remis ! ».
Et Félicité pouffe. Elle imite alors la voix de sa collègue. « Je suis sûre que ça se voit même dans ma manière de marcher. Et mon premier orgasme : une révélation ! J’en pleurais. Mon copain était ravi, aux anges. Je n’ai jamais fait un tel effet à une fille, m’a-t-il dit. »
Nous restons silencieuses un moment. J’assimile ce qu’elle vient de raconter.
- Est-ce qu’on regarde ce qu’il nous a fait ? Pour être sûres que c’est vrai.
Félicité a besoin d’être convaincue et, ma foi, je suis aussi curieuse de voir chez elle ce que je découvrirai chez moi. Nous nous montrons mutuellement l’endroit opéré.
*

La douleur a été décroissante au fil des jours, je vis plutôt des tiraillements. La repousse des poils est gênante. Ça fait six jours, ma vulve est toujours très gonflée et sensible. Je m’assieds ou je m’allonge, je change de position dès que je sens une tension dans la région opérée J’ai quelques pertes rosâtres mais c’est un flux peu abondant. Je suis assidue dans les soins, j’utilise un miroir lorsque je passe la compresse et je regarde comment les choses évoluent. Je n’ose pas faire de mouvements brusques mais je marche normalement.


Pendant les toilettes intimes je l’observe, je suis attentive à ses réactions lorsque je l’asperge d’eau. Il m’intimide !


Le Docteur me demande quand j’ai été opérée. Curieusement, je suis soulagée qu’il ne se souvienne pas de moi. J’avais envie d’être une anonyme venue se faire examiner, pas une victime d’excision. Je ne suis plus une femme excisée, c’est fini. Il me demande de monter sur la table, procède à un examen rapide.
- Superbe ! C’est parfait ! Ça cicatrise bien, autant les petites lèvres.que le clitoris.


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